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09/01/2022

De l'autre côté du miroir par Lewis Carroll

De l'autre côté du miroir (titre original : Through the Looking-Glass, and What Alice Found There) est un roman écrit par Lewis Carroll paru en 1871, qui fait suite aux Aventures d'Alice au pays des merveilles. En France, ce roman a été publié pour la première fois en 1931 sous le titre La Traversée du miroir. Le titre sera changé en De l'autre côté du miroir lors de la réédition de 1938.

Extrait relatif à l'échiquier: "Pendant quelques minutes Alice demeura sans mot dire, à promener dans toutes les directions son regard sur la contrée qui s'étendait devant elle et qui était vraiment une fort étrange contrée. Un grand nombre de petits ruisseaux la parcouraient d'un bout à l'autre, et le terrain compris entre lesdits ruisseaux était divisé en carrés par un nombre impressionnant de petites haies vertes perpendiculaires aux ruisseaux. "Je vous assure que l'on dirait les cases d'un vaste échiquier ! finit par s'écrier Alice. Il devrait y avoir des pièces en train de se déplacer quelque part là-dessus – et effectivement il y en a ! ajouta-t-elle, ravie, tandis que son cœur se mettait à battre plus vite. C'est une grande partie d'échecs qui est en train de se jouer – à l'échelle du monde entier – si cela est vraiment le monde, voyez-vous bien. Oh ! que c'est amusant ! Comme je voudrais être une de ces pièces-là ! Cela me serait égal d'être un simple Pion, pourvu que je pusse prendre part au jeu... mais, évidemment, j'aimerais mieux encore être une Reine." En prononçant ces mots elle lança un timide regard à la vraie Reine, mais sa compagne se contenta de sourire aimablement et lui dit : "C'est un vœu facile à satisfaire. Vous pouvez être, si vous le désirez, le Pion de la Reine Blanche, car Lily est trop jeune pour jouer. Pour commencer, vous prendrez place dans la seconde case ; et quand vous arriverez à la huitième case, vous serez Reine..." À ce moment précis, on ne sait trop pourquoi, elles se mirent à courir."

17/12/2021

un banquet royal

Il y avait, au haut bout de la table, trois chaises ; les Reines Rouge et Blanche occupaient deux d'entre elles, mais celle du milieu était vide. Alice s'y assit, assez mal à l'aise à cause du silence ambiant, attendant impatiemment que quelqu'un prît la parole. À la fin ce fut la Reine Rouge qui s'en chargea : "Vous avez manqué la soupe et le poisson, dit-elle. Que l'on serve le rôt !" Et les domestiques déposèrent un gigot de mouton devant Alice, qui le contempla avec quelque appréhension, car jamais auparavant elle n'avait eu I'occasion de découper pareille pièce. "Vous avez I'air un peu intimidé, dit la Reine Rouge ; souffrez que je vous présente à ce gigot de mouton : "Alice... Mouton ; Mouton. Alice". Le gigot se mit debout dans le plat et s'inclina devant Alice ; la fillette lui rendit son salut en se demandant si elle devait rire ou avoir peur. "Puis-je vous en donner une tranche ?" demanda-t-elle en prenant en main le couteau et la fourchette, et en tournant la tête vers I'une des Reines, puis vers I'autre. "Certes, non, répondit la Reine Rouge d'un ton catégorique ; il est contraire à I'étiquette de découper quelqu'un à qui I'on a été présenté. Que I'on remporte le gigot !" Et les domestiques I'enlevèrent, et le remplacèrent sur la table par un énorme plum-pudding. "S'il vous plaît, je ne désire pas que I'on me présente au pudding, se hâta de dire Alice ; ou alors il n'y aura plus de dîner du tout. Puis-je vous en donner une part ?" Mais la Reine Rouge prit un air renfrogné et grommela : "Pudding. Alice ; Alice... Pudding. Que I'on remporte le pudding !" et les domestiques l'enlevèrent avant qu'Alice n'eût le temps de lui rendre son salut. Néanmoins, comme elle ne voyait pas pourquoi la Reine Rouge eut dû être la seule à commander, elle décida de tenter une expérience. Elle ordonna : "Serveur ! Rapportez le pudding !" et le pudding se retrouva immédiatement devant elle, comme par un coup de baguette magique. Il était si gros qu'elle ne put s'empêcher, devant lui, de se sentir un peu intimidée, comme elle I'avait été en présence du gigot de mouton ; pourtant, elle surmonta cette faiblesse par un effort de volonté et découpa une part de pudding qu'elle tendit à la Reine Rouge. "Quelle impertinence ! s'exclama le Pudding. Je me demande si vous aimeriez que I'on découpât une tranche de vous-même, espèce de créature !"

Lewis Carroll, "De l'autre côté du miroir" 1871
source la BNF