Après une escale en Corée, le jeu chinois s'implante au Japon au début du 11e siècle. Il est alors vidé de sa substance guerrière originelle et prend une dimension onirique : c'est le shôgi. Au duel stratégique, les échecs japonais préfèrent un affrontement de deux forces cosmiques. Totalement atypique, le shôgi se joue avec quarante jetons plats, taillés en pointes, identiques pour les deux camps et distingués par des idéogrammes. Les pièces perdent leurs connotations guerrières pour une désignation plus poétique : un « général d'or » ou « d'argent » commande des « chars parfumés » ou « célestes » ; des licornes et des phénix sont introduits. À l'époque des Tokugawa (1607-1867), le shôgi devient une institution nationale. Trois familles sont chargées d'enseigner les règles du jeu dans un shôgi-dokoro, « maison des échecs », et reçoivent une rente régulière. Le grand champion est choisi parmi leurs membres et obtient le titre de meijin. Cette tradition s'est perpétuée de père en fils pendant deux cent cinquante ans. Aujourd'hui, le shôgi est un jeu très populaire pour lequel sont régulièrement organisés des concours nationaux.
source la BNF